Du plus ludique au plus éducatif, le jeu vidéo dans toute sa diversité à Montpellier

15/02/2021

La cité méditerranéenne est un des bastions du jeu vidéo, en abritant un écosystème allant du studio indépendant au géant Ubisoft, des jeux de rôle au serious game. Présentation.

À Montpellier, faites vos jeux ! Action, aventure, jeux de rôle, stratégie, réflexion, stimulation… Tous les genres y sont très bien représentés. La cité méditerranéenne est un bastion de l’industrie du jeu vidéo. Le géant Ubisoft qui s’y est enraciné en 1993 a finalement choisi d’investir – fait rare – dans la construction de ses propres locaux. Dans son sillage, de nombreux studios ont vu le jour, les uns créés par quelques-uns de ses talents, les autres ayant été attirés par la présence d’un écosystème particulièrement dynamique, car réunissant toutes les composantes de cette industrie.

Parmi les dernières installations en date figure celle d’Artisan Studios. Créée en 2016 à Paris, cette société spécialisée dans la création de RPG en 2D avait déménagé à Québec , avant de revenir en France et jeter son dévolu sur Montpellier. Autre nouveau venu : Fireplace Games. Il a choisi de se poser dans la Halle Tropisme. « Nous voulions nous implanter dans une grande ville du jeu vidéo. Mais nous cherchions aussi des loyers attractifs, une bonne qualité de vie et un esprit culturel. Une partie de notre équipe était déjà ici, le choix de Montpellier s’est imposé tout naturellement », explique Anaïs Simonnet, la CEO du studio qui réalise son premier jeu avec le soutien du fonds d’investissement spécialisé Kowloon Nights. Anaïs Simonnet a, depuis, pris la présidence de PushStart , l’association basée à Montpellier, qui rassemble les professionnels du jeu vidéo en Occitanie.

Ces arrivées ne sont pas le fruit du hasard, mais bien la démonstration d’une vitalité qui ne se dément pas. Dans la métropole de Montpellier, plus de 600 personnes travaillent dans le secteur du jeu vidéo et cette industrie y est tractée par la créativité communicative de ses talents. À l’image de The Game Bakers, fondé en 2010 par Audrey Leprince et Émeric Thoa. Ces deux anciens d’Ubisoft souhaitaient voler de leurs propres ailes, pour réaliser des jeux destinés à « donner la pêche ».

Le duo a vu juste. Après le succès de Squids, Squids Wild West, Combo Crew, Squids Odyssey et du célèbre Furi (plus de 700 000 exemplaires vendus), il a sorti Haven en décembre 2020. Un jeu de rôle « relax » qui a néanmoins nécessité quatre années de développement et mobilisé à plein temps une équipe d’une vingtaine de personnes. Bien accueilli par la critique, Haven est promis à un nouveau succès. Tout comme l’a été Unruly Heroes, la première réalisation de Magic Design Studios, lui aussi fondé par trois anciens d’Ubisoft.

Si l’émulation participe à la dynamique de l’écosystème montpelliéraine, la mobilisation de Montpellier Méditerranée Métropole est également déterminante. Elle soutient les studios, organise des événements comme le MICC, accompagne la création d’entreprise et l’innovation. Exemple : avant de devenir une star du jeu vidéo sur mobile et d’être racheté par le géant Webadia, Scimob avait bénéficié de l’accompagnement du BIC de Montpellier, un incubateur reconnu au niveau mondial. Ce qui l’a aidé à accélérer sa croissance. Pour son nouveau studio, son créateur Gaël Bonnafous a d’ailleurs à nouveau fait appel à ses services (voir encadré).

DigixArt et Alt Shift sont deux des autres jolis cas d’école. Cocoonés aux aussi par le BIC, ils tracent leur route vers les sommets. En décembre 2020, le premier a annoncé le jeu Road 96, au teaser très bien accueilli par la critique, comme l’avait été Crying Suns, le dernier-né du second, qui avait fait un véritable carton sur Kickstarter, en obtenant 300 % des financements espérés.

Ces succès contribuent à la visibilité de l’écosystème du territoire de Montpellier. Voilà pourquoi Plug In Digital, le quatrième éditeur français en termes de chiffre d'affaires, s’y est à son tour installé. « Le secteur du jeu vidéo y est très dynamique », confirme Francis Ingrand, son fondateur. Véritable pépite, Plug In Digital collabore notamment avec un autre grand studio montpelliérain : Pixel Reef, fondé par Éric Chahi, le créateur du légendaire jeu Another World.

Dans la métropole de Montpellier, l’industrie du jeu vidéo compte aussi dans ses rangs des concepteurs d’outils très utilisés par les studios, à l’exemple d’Instant Terra développé par Wysilab. Ses fondateurs, Marianne Calva et Alexis Vaisse, étaient confrontés à la problématique des décors, dont la création est toujours très chronophage, certains pouvant faire plusieurs centaines de km2. Ils ont alors décidé de développer un logiciel qui simplifie ce travail. Instant Terra permet de générer des terrains de jeux 10 à 15 fois plus vite que tout ce qui existait auparavant, tout en offrant en prime la possibilité de gérer des terrains 3D de très grande taille. Une prouesse… et le soft ne cesse d’être amélioré ! 

Le serious game est également bien représenté dans la métropole de Montpellier. Les studios NaturalPad et Genious Healthcare le savent bien. Depuis Montpellier, ce dernier a développé une gamme de jeux thérapeutiques et ses dispositifs médicaux sont rassemblés sur une plateforme dédiée, curapy.com. Le sérieux de son approche et les vertus thérapeutiques de ses créations, conçues avec des spécialistes, ont vite attiré l’attention. En 2019, la licorne suisse MindMaze, spécialisée dans les neuro-technologies et les jeux thérapeutiques, en a pris le contrôle.

Constat final : dans la métropole de Montpellier, l’écosystème du jeu vidéo est gagnant. Chers studios, à vous de jouer désormais !

Gaël Bonnafous, de Scimob à Elia Games

Après avoir vendu en 2016 Scimob au géant Webedia pour la somme de 10 M€, Gaël Bonnafous lance un nouveau studio : spécialisé lui aussi dans les jeux pour smartphone, Elia Games a été créé en janvier 2020 à Montpellier. Affichant des ambitions mondiales, Elia Games mettra son talent au service de la sensibilisation à l'environnement et des questions sociales. Et comme on ne change pas une recette gagnante, Gaël Bonnafous a souhaité que son nouveau studio puisse être, lui aussi, accompagné par le BIC de Montpellier. Ce qui lui a été accordé, après examen de son projet par le comité de sélection.