La Halle Tropisme, c’est elle. Illusion & Macadam est l’enfant terrible de l’économie sociale et solidaire. Cette société coopérative promeut l’ « entrepreneuriat culturel » : deux mots qui ne faisaient guère bon ménage dans le milieu culturel il n’y pas si longtemps.
Pourtant, avec la Halle Tropisme, Illusion & Macadam en fait, chaque jour, la démonstration.
« Dans le domaine de la culture, il est possible de créer des événements viables, sans faire appel aux subventions. Ce qui permet de pérenniser un projet », résume Jordi Castellano, le président de son directoire.
La Halle Tropisme est donc son propre projet. Aussi, quand Montpellier Méditerranée Métropole lui a proposé de s’impliquer dans la Cité Créative, Illusion & Macadam a aussitôt dit banco. Forte de 68 sociétaires, elle a mis sur pied une coopérative distincte de la sienne pour exploiter la nouvelle structure et sont entrés dans son capital le réseau Icônes, créateur du Campus Créatif voisin, la société Netia, spécialisée dans les logiciels de gestion et de diffusion de contenus audiovisuels, la coopérative SMart et Montpellier Méditerranée Métropole.
Lieu culturel et entrepreneurial, la Halle Tropisme a vocation à susciter des rencontres inattendues, donner naissance à des récits inédits, explorer de nouvelles pistes de créativité. Sous l’influence d’une offre éclectique, cette approche a vite trouvé son public. Deux chiffres suffisent à l’illustrer : en 2019, la Halle Tropisme a accueilli plus de 400 événements, qui ont attiré au total près de 100 000 personnes, toutes générations confondues. Aux Dimanches électro, Marchés paysans du jeudi, Ciné Plein air organisé avec le cinéma Diagonal, s’ajoutent les rencontres artistiques et Métropolisme, un festival annuel qu’organise Illusion & Macadam pour questionner artistes, universitaires, urbanistes, architectes et habitants sur la ville de demain.
La coopérative a également créé des Morceaux Choisis, rendez-vous au cours desquels un artiste se raconte au travers de plats et de vins ayant marqué son parcours. Dites-moi ce que vous mangez, buvez et écoutez, je vous dirai qui vous êtes… C’est le principe. L’invité vient avec ses recettes que prépare le restaurant de la halle, ce qui rend sa prise de parole plus succulente encore, les spectateurs étant embarqués dans ces voyages gastronomiques. Se sont prêté au jeu l’auteur-compositeur Dimoné, deux écrivain.es, Alain Damasio et Emma Becker, ainsi que la chorégraphe Mathilde Monnier qui a installé à Tropisme son studio de danse et ses bureaux.
La Halle Tropisme n’est, en effet, pas seulement un lieu de rencontres et d’événements culturels, elle est aussi pleinement dédiée aux entrepreneurs et indépendants, qui y louent des espaces de travail, individuels ou en copartage, selon une formule très souple : au mois, s’ils le souhaitent. Ce volet permet à Illusion & Macadam de jouer pleinement le rôle qu’elle s’est assigné : structurer la filière culturelle et créative, accompagner sa transition, produire et diffuser de la création.
Une cité dans la Cité créative, dont tous les espaces de travail sont désormais presque tous occupés. Là aussi, le concept a plu. La Halle Tropisme compte, parmi ses résidents, outre Mathilde Monnier Chuck Production, IdeAL Film Prod, Simplon, Piñata Radio, Fireplace Games. Le groupe Enedis y a ouvert son accélérateur Grand Sud où il accompagne les projets intrapreneuriaux de ses salariés.
Des rencontres professionnelles et des petits déjeuners à thème sont organisés. Les thèmes abordent les problématiques des acteurs du secteur, de la gestion au financement comme à la communication digitale. La société coopérative développe des formations, des activités de conseil et elle aide au besoin ses locataires à réseauter, à communiquer, à organiser des événements, créer des synergies...
Susciter de l’intelligence collective. C’est aussi son rôle. Illusion & Macadam monte des conférences-débats, des apéros networking, des rencontres, des ateliers et petits-déjeuners - les Frühstück Lab - pour apprendre à être plus productif, responsable et passionné au travail. Des job sessions mettent en scène des professionnels de l’accompagnement, de l’innovation sociale et solidaire ou de l’économie, viennent qui viennent y présenter leurs services et outils. Enfin, la société coopérative met à la disposition des indépendants et des petites structures sa palette de services, que complète la gestion de la paye.
En rassemblant sur un même lieu des indépendants et des sociétés, Illusion & Macadam gagne elle-même en efficacité.
« En disposant sur place de toutes ces structures, nous comprenons mieux leurs besoins et repérons plus aisément les difficultés auxquelles elles font face », explique Jordi Castellano et de conclure : « Nous n’avons pas la prétention de révolutionner la façon dont les gens vont travailler. Mais c’est parce qu’ils sont ensemble, sur un même lieu, qu’il y a de la valeur ajoutée. »